基督山伯爵中法對照81(法)
- Oui, je t'aime, ou le diable m'emporte ; c'est une faiblesse, dit Caderousse, je le sais bien, mais c'est plus fort que moi.
- Ce qui ne t'empêche pas de m'avoir fait venir pour quelque perfidie.
- Allons donc ! dit Caderousse en essuyant son large couteau à son tablier, si je ne t'aimais pas, est-ce que je supporterais la vie misérable que tu me fais ? Regarde un peu, tu as sur le dos l'habit de ton domestique, donc tu as un domestique ; moi, je n'en ai pas, et je suis forcé d'éplucher mes légumes moi-même : tu fais fi de ma cuisine, parce que tu dînes à la table d'hôte de l'hôtel des Princes ou au Café de Paris. Eh bien, moi aussi, je pourrais avoir un domestique ; moi aussi, je pourrais avoir un tilbury ; moi aussi, je pourrais dîner où je voudrais : eh bien, pourquoi est-ce que je m'en prive ? pour ne pas faire de peine à mon petit Benedetto. Voyons, avoue seulement que je le pourrais, hein ? »
Et un regard parfaitement clair de Caderousse termina le sens de la phrase.
« Bon, dit Andrea, mettons que tu m'aimes : alors pourquoi exiges-tu que je vienne déjeuner avec toi ?
- Mais pour te voir, le petit.
- Pour me voir, à quoi bon ? puisque nous avons fait d'avance toutes nos conditions.
- Eh ! cher ami, dit Caderousse, est-ce qu'il y a des testaments sans codicilles ? Mais tu es venu pour déjeuner d'abord, n'est-ce pas ? Eh bien, voyons, assieds-toi, et commençons par ces sardines et ce beurre frais, que j'ai mis sur des feuilles de vigne à ton intention, méchant. Ah ! oui, tu regardes ma chambre, mes quatre chaises de paille, mes images à trois francs le cadre. Dame ! que veux-tu, ca n'est pas l'hôtel des Princes.
- Allons, te voilà dégoûté à présent ; tu n'es plus heureux, toi qui ne demandais qu'à avoir l'air d'un boulanger retiré. »
Caderousse poussa un soupir.
« Eh bien, qu'as-tu à dire ? tu as vu ton rêve réalisé.
- J'ai à dire que c'est un rêve ; un boulanger retiré, mon pauvre Benedetto, c'est riche, cela a des rentes.
- Pardieu, tu en as des rentes.
- Moi ?
- Oui, toi, puisque je t'apporte tes deux cents francs. »
Caderousse haussa les épaules.
« C'est humiliant, dit-il, de recevoir ainsi de l'argent donné à contrecoeur, de l'argent éphémère, qui peut me manquer du jour au lendemain. Tu vois bien que je suis obligé de faire des économies pour le cas où ta prospérité ne durerait pas. Eh ! mon ami, la fortune est inconstante, comme disait l'aumônier... du régiment. Je sais bien qu'elle est immense, ta prospérité, scélérat ; tu vas épouser la fille de Danglars.
- Comment ! de Danglars ?
- Et certainement, de Danglars ! Ne faut-il pas que je dise du baron Danglars ? C'est comme si je disais du comte Benedetto. C'était un ami, Danglars, et s'il n'avait pas la mémoire si mauvaise, il devrait m'inviter à ta noce... attendu qu'il est venu à la mienne... Oui, oui, oui, à la mienne ! Dame ! il n'était pas si fier dans ce temps-là ; il était petit commis chez ce bon M. Morrel. J'ai dîné plus d'une fois avec lui et le comte de Morcerf... Va, tu vois que j'ai de belles connaissances, et que si je voulais les cultiver un petit peu, nous nous rencontrerions dans les mêmes salons.
- Allons donc, ta jalousie te fait voir des arcs-en-ciel, Caderousse.
- C'est bon, Benedetto mio, on sait ce que l'on dit. Peut-être qu'un jour aussi l'on mettra son habit des dimanches, et qu'on ira dire à une porte cochère : « Le cordon, s'il vous plaît ! » En attendant, assieds-toi et mangeons. »
Caderousse donna l'exemple et se mit à déjeuner de bon appétit, et en faisant l'éloge de tous les mets qu'il servait à son hôte.
Celui-ci sembla prendre son parti, déboucha bravement les bouteilles et attaqua la bouillabaisse et la morue gratinée à l'ail et à l'huile.
« Ah ! compère, dit Caderousse, il paraît que tu te raccommodes avec ton ancien maître d'hôtel ?
- Ma foi, oui, répondit Andrea, chez lequel, jeune et vigoureux qu'il était, l'appétit l'emportait pour le moment sur toute autre chose.
- Et tu trouves cela bon, coquin ?
- Si bon, que je ne comprends pas comment un homme qui fricasse et qui mange de si bonnes choses peut trouver que la vie est mauvaise.
- Vois-tu, dit Caderousse, c'est que tout mon bonheur est gâté par une seule pensée.
- Laquelle ?
- C'est que je vis aux dépens d'un ami, moi qui ai toujours bravement gagné ma vie moi-même.
- Oh ! oh ! qu'à cela ne tienne, dit Andrea, j'ai assez pour deux, ne te gêne pas.
- Non, vraiment ; tu me croiras si tu veux, à la fin de chaque mois, j'ai des remords.
- Bon Caderousse !
- C'est au point qu'hier je n'ai pas voulu prendre les deux cents francs.
- Oui, tu voulais me parler ; mais est-ce bien le remords, voyons ?
- Le vrai remords ; et puis il m'était venu une idée. »
Andrea frémit ; il frémissait toujours aux idées de Caderousse.
« C'est misérable, vois-tu, continua celui-ci, d'être toujours à attendre la fin d'un mois.
- Eh ! dit philosophiquement Andrea, décidé à voir venir son compagnon, la vie ne se passe-t-elle pas à attendre ? Moi, par exemple, est-ce que je fais autre chose ? Eh bien, je prends patience, n'est-ce pas ?
- Oui, parce qu'au lieu d'attendre deux cents misérables francs, tu en attends cinq ou six mille, peut-être dix, peut-être douze même ; car tu es un cachottier : là-bas, tu avais toujours des boursicots, des tirelires que tu essayais de soustraire à ce pauvre ami Caderousse. Heureusement qu'il avait le nez fin, le Caderousse en question.
- Allons, voilà que tu vas te remettre à divaguer, dit Andrea, à parler et à reparler du passé toujours ! Mais à quoi bon rabâcher comme cela, je te le demande ?
- Ah ! c'est que tu as vingt et un ans, toi, et que tu peux oublier le passé ; j'en ai cinquante, et je suis bien forcé de m'en souvenir. Mais n'importe, revenons aux affaires.
- Oui.
- Je voulais dire que si j'étais à ta place...
- Eh bien ?
- Je réaliserais...
- Comment ! tu réaliserais...
- Oui, je demanderais un semestre d'avance, sous prétexte que je veux devenir éligible et que je vais acheter une ferme ; puis avec mon semestre je décamperais.
- Tiens, tiens, tiens, fit Andrea, ce n'est pas si mal pensé, cela, peut-être !
- Mon cher ami, dit Caderousse, mange de ma cuisine et suis mes conseils ; tu ne t'en trouveras pas plus mal, physiquement et moralement.
- Eh bien, mais, dit Andrea, pourquoi ne suis-tu pas toi-même le conseil que tu donnes ? pourquoi ne réalises-tu pas un semestre, une année même, et ne te retires-tu pas à Bruxelles ? Au lieu d'avoir l'air d'un boulanger retiré, tu aurais l'air d'un banqueroutier dans l'exercice de ses fonctions : cela est bien porté.
- Mais comment diable veux-tu que je me retire avec douze cents francs ?
- Ah ! Caderousse, dit Andrea, comme tu te fais exigeant ! Il y a deux mois tu mourais de faim.
- L'appétit vient en mangeant, dit Caderousse en montrant ses dents comme un singe qui rit ou comme un tigre qui gronde. Aussi, ajouta-t-il en coupant avec ces mêmes dents, si blanches et si aigus, malgré l'âge, une énorme bouchée de pain, j'ai fait un plan. »
Les plans de Caderousse épouvantaient Andrea encore plus que ses idées ; les idées n'étaient que le germe, le plan, c'était la réalisation.
« Voyons ce plan ; dit-il ; ce doit être joli !
- Pourquoi pas ? Le plan grâce auquel nous avons quitté l'établissement de M. Chose, de qui venait-il, hein ? de moi, je présuppose ; il n'en était pas plus mauvais, ce me semble, puisque nous voilà ici !
- Je ne dis pas, répondit Andrea, tu as quelquefois du bon ; mais enfin, voyons ton plan.
- Voyons, poursuivit Caderousse, peux-tu, toi, sans débourser un sou, me faire avoir une quinzaine de mille francs... non, ce n'est pas assez de quinze mille francs, je ne veux pas devenir honnête homme à moins de trente mille francs ?
- Non, répondit sèchement Andrea, non, je ne le puis pas.
- Tu ne m'as pas compris, à ce qu'il paraît, répondit froidement Caderousse d'un air calme ; je t'ai dit sans débourser un sou.
- Ne veux-tu pas que je vole pour gâter toute mon affaire, et la tienne avec la mienne, et qu'on nous reconduise là-bas ?
- Oh ! moi, dit Caderousse, ça m'est bien égal qu'on me reprenne ; je suis un drôle de corps, sais-tu : je m'ennuie parfois des camarades ; ce n'est pas comme toi, sans coeur, qui voudrais ne jamais les revoir ! »
Andrea fit plus que frémir cette fois, il pâlit.
« Voyons Caderousse, pas de bêtises, dit-il.
- Eh ! non, sois donc tranquille, mon petit Benedetto ; mais indique-moi donc un petit moyen de gagner ces trente mille francs sans te mêler de rien ; tu me laisseras faire, voilà tout !
- Eh bien, je verrai, je chercherai, dit Andrea.
- Mais, en attendant, tu pousseras mon mois à cinq cents francs, j'ai une manie, je voudrais prendre une bonne !
- Eh bien, tu auras tes cinq cents francs, dit Andrea : mais c'est lourd pour moi, mon pauvre Caderousse... tu abuses...
- Bah ! dit Caderousse ; puisque tu puises dans des coffres qui n'ont point de fond. »
On eût dit qu'Andrea attendait là son compagnon, tant son oeil brilla d'un rapide éclair qui, il est vrai, s'éteignit aussitôt.
« 0a, c'est la vérité, répondit Andrea, et mon protecteur est excellent pour moi.
- Ce cher protecteur ! dit Caderousse ; ainsi donc il te fait par mois ?... [1][2][3][4]
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